- Tes yeux ont tissè une lumière étrange dans mon regard... - C'est que tu as réveillè le bois et les marins du bois. - Il fait bleu. Où suis-je? - Dans mes bras. Là où ta rivière prend feu. - Et cette lune sur mon cou? - C'est ma nuit qui veut sceller ta peau. - Commencement? - Commencements. - Et pourquoi éclos-tu les paupières closes? - Pour mieux voir ta hâte éclabousser mon attente. Pour entendre nos lèvres décoller. - Toi et moi, vol de cris. - Toi et moi, ailes migratrices du poème. - Je serai pour toi l'oiseau et le chasseur. - Tu ne me vaincras pas: je m'offrirai à ton fusil. - Je le planterai dans ton cœur jusqu'à la conquête. - Ce n'est qu'en perdant qu'on mérite le voyage. - Comment arriver? Tu as le corps nombreux de l'illusion. - Pourquoi arriver? Sois la main durable des fantasmes. - Tes cuisses, portails du purgatoire des paresseux. - Mes cuisses, barreaux de la prison qui libère. - Femme j'ai soif, verse-toi. - Que tes noms t'abreuvent: ils perlent sur mes lèvres. - Je laisserai les pécheurs venir à toi. - Mais le violon reste verrouillè. Sauras-tu le déboutonner? - j'apprendrai. Je le secouerai tel un arbre jusqu'à faire couler toutes ses musiques sur ma langue. Je le travaillerai comme l'artisan son or, comme le dépravè sa damnation. Je l'apprendrai. - Et tu me feras tienne, brigand? - Sans cesse et jamais. - J'aime le frisson que tu arracheras de ma gorge. - Alors viens. Le vin recule sans toi.
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